Qui gagnera la guerre Robot - Humain ?
Trois axes de réflexion sur la robotisation et une fabuleuse opportunité pour le Made in France
Parler des robots est une façon bien pratique d’échanger sur l’IA. Autant la conceptualisation des algorithmes ou la compréhension des modes de fonctionnement de Chat GPT sont complexes, autant regarder un robot évoluer permet de vivre une expérience intellectuelle impressionnante et facile à appréhender.
Le robot humanoïde, qui représente la peur la plus intime (“serons-nous remplacés par les machines”), est-il au contraire l’avenir de la Mode ?
Voici trois axes de réflexion pour avancer sur la guerre “homme vs robot” et ses opportunités.
Les humains vont gagner.
Nous allons nous “amplifier” avec les robots. Les premiers exosquelettes universels apparaissent. Nous pouvons tout faire avec eux, avec une force décuplée. L’IA analyse et facilite les mouvements, sans calibrage humain. La prise en main est instantanée. Imaginez le prochain déménagement avec votre lave linge, sans mal de dos.
Les robots humanoïdes ont mille avantages. Ces robots peuvent évoluer dans notre environnement en toute simplicité avec une morphologie proche de la nôtre. Notre quotidien deviendra bien différent. Ils pourront nous assister dans toutes les tâches, nous apporter le café ou accompagner des personnes à mobilité réduite.
La société sud-coréenne Hyodol a développé une poupée-robot qui a l’apparence et la personnalité d’un enfant de sept ans, destinée à tenir compagnie aux personnes âgées. 7 000 coréens en bénéficient déjà. La poupée discute avec ses propriétaires et leur rappelle de prendre leur médicament ou fait travailler leur mémoire à l’aide de jeux
Bien sûr, on rentre alors très vite dans la “vallée de l’étrange”, concept théorisé par Masahiro Mori. Plus un robot ressemble à un humain, plus ses imperfections nous paraissent dérangeantes.
Aucun risque d’être impressionné avec d’autres robots aux utilisations très spécifiques : Scythe Robotics (tondeuse électrique 100 % automatique), Matic (assistant ménager pour laver les sols et moquettes) ou Adam de Richtech Roboticz (un robot barista pour faire des cocktails maison).
Au-delà ce ces utilisations, qu’en est-ils dans un domaine plus professionnel ?
Les robots vont gagner.
Le robot Figure 1, conçu pour être autonome, imitant la forme humaine et doté d'un système d'IA pour apprendre et interagir avec l'environnement, est une démonstration impressionnante de l’interactivité possible avec une machine.
Regardez cette vidéo impressionnante : https://www.youtube.com/watch?v=Sq1QZB5baNw
La Robotisation dans l’industrie en pleine croissance
Amazon a déployé 750 000 robots dans ses entrepôts, dont 400 000 depuis 2 ans. En 2013, il y en avait 1000. Cela lui permet d’envoyer 5 milliards de colis par an. La course à la robotisation s’accélère, et à ce jeu, la Chine accélère comme jamais : La moitié des robots industriels du monde ont été installés en Chine en 2023.
Dans l’agriculture, le sujet est aussi important. Aux US, les rendements des champs de maïs ont augmenté d’environ 30 % depuis 2000. Cette progression est attribuée notamment à l’exploitation plus efficace des données, permettant de réduire les coûts tout en diminuant l’utilisation d’engrais, de pesticides et d’eau.
Le constat est clair : Dès qu’il faut répéter la même tache mille fois de suite avec la même rigueur, le robot gagne.
Les robots, qui remplacent les hommes dans l’industrie et l’agriculture depuis des années, vont-ils aussi remplacer les hommes dans le domaine des services ?
Je le cite : " Chaque processus individuel, donc les erreurs, le commerce, la couverture, la recherche, chaque application, chaque base de données, pourrait être amélioré en appliquant l'IA. Ainsi, cela pourrait être en tant que copilote, ou même pour remplacer les humains."
Alors, les robots, comme les algorithmes, nous remplaceront-ils, rendant ainsi oisifs, avec un temps libre infini ?
C’est plus compliqué…
Si la catégorie des emplois répétitifs et standards vont en effet disparaitre avec les algorithmes et les robots, deux autres types de métier vont se développer.
→ Les métiers intellectuels qui montent :
Le Data analyst qui fournit à la machine le sens des objets et mots qu’elles manipulent
Le Data scientist qui élaborera les modèles prédictifs mathématiques et statistiques
L’architecte et l’ingénieur Big Data qui conçoivent les structures dédiées et testent des solutions issues des données
Tous ceux qui accompagnent le changement avec l’IA comme les visionnaires, manageurs et formateurs
Les artistes, avec leur créativité, créeront l’essence du lien social
→ Les petits métiers pour alimenter la Machine
Ces métiers vont se démultiplier, comme nous l’a démontré spectaculairement une info la semaine dernière.
Amazon go promettait aux clients de faire leurs courses en toute autonomie, et ce sans avoir à passer par une caisse. Chaque épicerie amazonienne est équipée d'une armada de capteurs et de caméras qui filment et répertorient les articles pris par les clients. Une fois ses achats terminés, le client était débité automatiquement, par IA.
Mais cette intelligence artificielle “Just Walk Out” n’était pas aussi magique qu’annoncée …. elle n’est pas toujours fiable et nécessite plus de 1 000 employés en Inde accédant aux flux des caméras pour corriger la machine.
Car la machine ne comprend pas ce qu’elle fait, et les bugs ou erreurs d’analyse sont légion. L’être humain reste une soupape d’ajustement, rappelant la machine turque, cette très belle arnaque du 18ème siècle ayant créé le premier robot de l’histoire… piloté en fait de l’intérieur par un homme.
La cobotique
Le Renforcement des métiers à forte valeur ajoutée, la démultiplication des métiers supports de la machine (tels les livreurs uberEat) et surtout la collaboration entre l’Homme et la Machine (la Cobotique) seront les trois clés du futur du travail, tant dans la Mode que dans les autres secteurs.
Le sujet va bien au-delà d’une guerre entre la machine et les humains.
Les vraies questions à se poser sont comment concrétiser la meilleure façon d’être nous même avec ces moyens augmentés ? Par exemple :
Les scientifiques, créateur d’algorithmes, vont-ils amplifier des biais de société ?
Les machines peuvent-elles déshumaniser les relations et les liens sociaux, comme on semble le vivre avec les smartphones
Comment allons nous considérer ces “petits” métiers” ? Nous avons vu durant les confinements comme ils étaient essentiels
Et la Mode ?
L’évolution de la robotique humanoïde ouvre des perspectives économiques fabuleuses en France.
Les textiles sont des matériaux difficiles à gérer par les robots. Ils sont souples et flexibles, ils changent de forme à chaque étape. Il faut des mains et le cerveau d’un humain pour gérer cette complexité et cette évolution. Avec des robots ayant cette dextérité, nous pourrons passer une étape décisive dans la ré-industrialisation et le Made in France.
Dans la production de vêtements, 40 % des coûts de main-d'œuvre sont engagés dans des opérations de manutention aussi simples que la pose de poches de pantalon. Cela permet aux pays sous payant leurs ouvrier(e)s de proposer des prix impossibles à avoir en France.
On manque de jeunes qui souhaitent accéder à ces métiers manuels. Il est très complexe de retourner cette tendance et de les amener sur ces métiers manuels. Nous risquons ainsi de perdre notre savoir faire unique en France.
Avec des robots donnant une qualité fiable et constante, un nouveau Made in France compétitif dans la Mode peut devenir une réalité d’ici 10 ans.
La stratégie à mettre en place en 3 temps :
1/ Modéliser l’investissement dans ces machines. Nous en avons déjà beaucoup en France et en Europe pour la fabrication des pulls par exemple. Nous avons à analyser combien de robots sont nécessaires pour remplacer des êtres humains sur une chaine de fabrication, à quel coût.
2/ Consolider toute la chaine de valeur. Les robots sont vraiment utiles quand les données leurs sont transmises automatiquement et qu’ils deviennent autonomes. Investir dans des flux qui permettront de lier les besoins des consommateurs aux capacités de production est indispensable pour que ce nouveau système soit performant
3/ Éduquer sur les métiers à forte valeur ajoutée. Une couturière va devenir “formatrice et manager” de robots.
L’IA accélère le Monde et va changer à la fois notre façon de consommer et de produire.
A nous de voir loin pour réussir ce changement !
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